La compagnie des Limbes a été fondée en 2001 par Romain Jarry et Loïc Varanguein de Villepin. Entre 2001 et 2017, nous réalisons en duo plus de 20 mises en scène au sein de la compagnie des Limbes. Notre théâtre s’élabore dans les marges du sens, aux frontières du langage, dans la transversalité des discipline artistiques (théâtre, performance, poésie sonore, musique) et des genres littéraires (poésie, romans, théâtre, lettres).
Centré autour de la question de la voix et du poème, il est une aventure de l’écoute. Notre théâtre se nourrit d’une réflexion sur le langage (Henri Meschonnic, Gilles Deleuze, François Jullien, Claude Régy) et vise à rendre sensible, perceptible, la manière dont l’oralité d’une écriture transforme la scène et le moment. Un art de la suggestion, une lecture ouverte de l’oeuvre, dans laquelle le spectateur en écoutant co-énonce ce qui se dit, n’est plus le destinataire mais devient le partenaire d’une œuvre en train de se créer, d’une transformation en cours. Le travail avec l’acteur est essentiel et premier pour nous. Il engage une recherche sur la disponibilité à écouter tout ce que fait une parole (rythme, prosodie, sons, silences) à être réceptif à la multiplicité du sens, à l’écoute (par tous les pores de la peau) de la corporalité particulière d’une écriture. Il n’impose pas d’intention mais livre passage à des rapports corps, langage, des intensités, des saveurs du sens, des sensations. Le son, la lumière et l’espace sont pensés du point de vue d’une poétique, ne représentent pas (l’action) mais déploient le rythme, l’invention spécifique d’un langage. Épures d’espaces climatiques, écritures de la lumière en relation avec la voix et le rythme du poème, poétique de l’infime, densité et réceptivité des acteurs, ralentis, gros plans, enveloppes sonores, pourraient constituer quelques traits distinctifs de notre écriture scénique. 
Le nom de notre compagnie – compagnie des Limbes – traduit bien notre idée du théâtre  comme d’un espace par excellence ouvert et indéterminé où tout peut se passer, d’une expérience au-delà du vivant et du mort. Le caractère vague et incertain de l’état qu’on lui associe communément plutôt de manière péjorative : être dans les limbes, est ici l’état de possibilité de toute chose, indéfiniment naissante, infiniment disparaissante. Être et ne pas être, non pas successivement, mais en même temps : peut-être est-ce cela le théâtre des Limbes.