HISTOIRE

En 1991, plusieurs structures sociales, culturelles, éducatives du quartier Saint-Michel s’unissent pour créer le Festival du Conte interculturel Bordeaux-Saint-Michel, à l’initiative d’une animatrice du Centre d’Animation. Parmi elles, le Centre d’Animation Saint-Michel bien sûr, ainsi que ALIFS, O Sol de Portugal, Promo-Femmes…

Leur enjeu est de créer un événement dont les habitant.e.s seraient fier.e.s, un événement qui ferait venir d’autres personnes et modifierait ainsi l’image de ce quartier. Ils choisissent le conte comme objet de travail, celui-ci étant présent dans toutes les cultures et présentant l’avantage d’utiliser le vecteur de l’oralité.

L’association prend donc racine dans le terreau du territoire, tout en souhaitant d’emblée s’inscrire dans un rapport au monde. Cette ligne directrice se poursuit encore aujourd’hui ; les mutations depuis ont été multiples, dans les personnes, les méthodes, les soutiens, les noms même puisque l’association et le festival ont plusieurs fois changé pour aboutir à un nom éponyme à la fin des années 2010 : Chahuts. C’est cependant toujours cette même articulation profonde entre art et politique (dans le sens d’action au cœur de la cité) qui prévaut aujourd’hui.

L’ESPRIT CHAHUTS

L’aventure Chahuts est construite avec exigence artistique et goût pour l’hybridité, le déplacement et l’inaccoutumé ET en synergie avec les personnes présentes sur les territoires.

Chahuts développe en effet son savoir-faire dans l’espace public, dans des lieux non dédiés et atypiques le plus souvent, et fait la part belle aux arts de la parole à travers :

  • Un festival des arts de la parole en espace public chaque année en juin : spectacles issus des arts de la parole et formes performatives pluridisciplinaires, créations, cartes blanches,  projets participatifs,  conférences, rencontres professionnelles, fêtes, concerts. Le festival s’invente dans le quartier Saint-Michel et au-delà.
  • Une Fabrique : des résidences d’artistes, avec du travail de territoire et un programme d’actions culturelles coécrites avec les artistes et les habitant·es, avec de sorties de résidence pendant la saison. La Fabrique se tisse principalement avec deux territoires : le quartier Saint-Michel et de la Benauge avec leurs centres d’animation et leurs associations.

MANIFESTE

Chahuts s’adapte au visage multi-facette de ses territoires, permettant d’allier projets artistiques participatifs et dialogues entre populations qui vivent ensemble, enfants et adultes, professionnels et amateurs, fêtards et lèves tôt, à la poursuite d’un idéal : l’art comme vecteur de liens poétiques et politiques entre humains et citoyens.

Les actions concrètes menées par Chahuts depuis 30 ans en faveur des territoires et de ses habitants construisent un pont entre arts et territoires grâce à :

  • Une programmation exigeante allant à la rencontre des populations des territoires sur lesquels joue Chahuts, à travers une diffusion en itinérance ;
  • En lien avec la programmation, une action culturelle à l’attention de toutes les populations du territoire notamment à celles qui pour des raisons sociales, économiques, géographiques ou physiques sont éloignées de l’offre et des références artistiques ;
  • Le développement des actions mentionnées à travers des partenariats avec les collectivités et les acteurs du champ culturel, social, économique et éducatif du territoire ;
  • La prise en compte de l’évolution des pratiques des populations

 

Le nomadisme de Chahuts comme une force

Chahuts se déploie en itinérance, ce qui permet d’impulser une dynamique de coopérations ; beaucoup de nos actions s’inventent en collaboration avec le territoire et des partenaires, le projet s’appuie donc sur l’intelligence collective, en l’articulant aux orientations de la direction artistique impulsée par Chahuts.

Le nomadisme de Chahuts ouvre des opportunités de travailler en coopération avec des partenaires et lieux locaux culturels et sociaux, autour de propositions d’artistes de Bordeaux et de Nouvelle-Aquitaine, mais aussi nationaux pour que Chahuts reste un endroit de rencontres, d’émulation artistique, de créations.

La transmission du savoir-faire de Chahuts

Le grain de folie impulsé par Chahuts dans l’espace public et son lien historique au Centre Social de Saint Michel permet de dépasser le clivage classique entre dynamiques artistiques et actions sociales. Ce savoir-faire qui consiste à co-écrire les projets artistiques avec les habitant-e-s et pour elleux et qui se construit depuis 30 ans à Chahuts, peut rayonner et être transmis lors de rencontres avec des professionnels d’autres territoires.

Penser et écouter le présent

A Chahuts, les arts de la parole sont pensés et vécus comme un vecteur d’empuissancement et de déconstruction des dominations : les enjeux de représentations des paroles et des corps dans l’espace public résonnent dans les propositions artistiques, les conférences et les projets qui proposent d’écouter les paroles des invisibles et des courants qui traversent notre société du présent : la pensée décoloniale, l’intersectionnalité des luttes, une représentation binaire des genres, les représentations des corps et des paroles dans l’espace public sont des questionnements qui traversent Chahuts de part en part. Chahuts explore l’espace public et l’espace intime, comme autant de territoires où le corps et la parole peuvent être des vecteurs d’empouvoirement.

La dynamique Fabrique – Festival

Chahuts s’invente sur plusieurs temporalités : d’une part dans le temps long des résidences de La Fabrique, d’autre part dans le temps éphémère et intense du festival où se croisent créations professionnelles et restitutions avec les habitant.e.s. Permettre à ces temporalités de cohabiter au sein d’un même projet imprime une dynamique unique pour l’accompagnement des artistes, du territoire et de ses habitant.e.s.

Les arts de la parole et l’indiscipline

Les arts de la parole, au coeur du projet, sont le vecteur idéal de ce projet artistique et social, compte tenu également de leur potentiel croisement avec d’autres disciplines des arts vivants à travers :

– les écritures contemporaines pour le tout public, le jeune et très jeune public ;

– la poésie sonore ;

– le croisement des arts du récit avec les voix qui s’expriment à travers le non verbal : la danse, la musique, les arts visuels ;

L’art de la parole est un vecteur d’écoute, d’expression et de transmission ouvert à toutes et tous et qui croise d’autres disciplines : la parole et l’expression du corps dans le silence du mouvement ainsi que les formes hybrides, plastiques, circassiennes

La fête

Chahuts et son festival résonnent comme une utopie concrète qui bouscule les règles du dehors et du dedans, et qui permet à chacun, artistes et citoyens, de s’emparer de la parole pour peut-être déjouer des rapports de domination, ou plus simplement rendre la vie plus intéressante que l’art grâce au collectif et y insuffler fantaisie et folie.

 

 

Chahuts c’est un joyeux chaos organisé, le nomadisme, la haute voltige, le risque, le goût. C’est transcender son terrain de jeu, au-delà des murs (de l’institution, de l’entre soi, de l’individuel) pour aller vers le frisson collectif…et ce frisson passe aussi par la fête., fédératrice, libératrice, cathartique ?