La Bibliothèque Humaine

Bonjour à toi !

Si tu lis cette lettre, c’est que quelqu’un de bien intentionné a perçu le « livre humain » qui se niche en toi et t’a sollicité pour participer à une bibliothèque humaine. Peut-être d’ailleurs t’interroges-tu… « Une bibliothèque humaine ? Genre un humain dans lequel on range des livres ? Ou genre des étagères de livres avec une tête, des jambes et des bras ? Et alors quoi ? Moi un livre humain ? Mais je n’ai pas envie d’être classé-e, étiqueté-e et rangé-e ! »… Tu as bien raison et c’est probablement parce que tu n’aimes pas être mis-e dans des cases que cette lettre t’es parvenue !

La bibliothèque humaine est d’un genre qui privilégie la rencontre et le témoignage et c’est cela qui nous rassemble. Lorsque nous avons découvert ce dispositif mis en place à l’origine au Danemark et repris dans bien des contextes et bien des pays, nous avons eu envie de le mettre en oeuvre. Nous, c’est Anthony Pouliquen et Cécile Delhommeau. Le premier est engagé dans l’éducation populaire, cette chose qui pourrait se définir à travers la phrase suivante : « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes et les femmes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde », la seconde est conteuse, comédienne au sein du collectif bordelais la Grosse Situation. Notre outil commun c’est la parole et le récit de vie.

D’accord, mais ça ne t’en dit pas beaucoup plus sur ce qu’est une bibliothèque humaine ! C’est quoi ce truc ? Ce truc, en fait, repose sur l’idée que nous sommes tous et toutes porteur-euses de savoirs liés à nos expériences. Il vise à parler des rapports de domination (de genre, de classe, de sexualité, de culture etc.) et des résistances face à ces dominations.

Se raconter, mettre des mots sur des choses vécues permet de prendre conscience que certaines situations liées à notre histoire personnelle peuvent résonner plus largement. Des sentiments d’injustice et de honte, mais aussi des situations d’émancipation et de lutte peuvent devenir des récits qui parlent de la condition humaine, et qui ouvrent sur une analyse politique.

Alors qui peut donc être « livre humain » ? Non, non, non, cela ne dépend pas de ton âge ou du nombre de livres que tu as lu au cours de ta vie ! Peuvent être « livres humains » toutes les personnes qui sentent qu’elles ont des choses à dire. Alors, partant-e ?

La préparation se passe en plusieurs moments. Cela commence par un premier rendez-vous collectif où l’on prend le temps de faire connaissance, de vous expliquer plus en détail le principe de la bibliothèque humaine, de décortiquer ensemble ce que sont les rapports de domination. Un deuxième rendez-vous a lieu le lendemain. C’est le moment où l’on se raconte à travers des consignes qui aiguillent. On se livre, on partage, on croise nos souvenirs.

A l’issue de ces deux premiers rendez-vous, chaque personne retient une anecdote qu’elle va transformer en récit. Bien sûr, nous vous accompagnerons dans la structuration de ce récit dont la durée est comprise entre 6 et 12 minutes. Enfin, vous raconterez votre histoire le jour de la bibliothèque humaine en petit comité et à plusieurs reprises.

Est-ce plus clair pour toi ? Euh, pas sûr ! Nous reconnaissons qu’il n’est pas évident de comprendre exactement ce qu’on attend de toi. Alors écoute : tu n’as pas besoin de savoir écrire, pas besoin de venir avec une idée de ce que tu peux raconter, tu n’as même pas besoin de venir avec la certitude d’avoir des choses intéressantes à partager ! Viens avec ta vie et ton envie.

Nous, nous te garantissons de la rencontre humaine !

Bien à toi,

Cécile et Anthony