”Dans la vie, il faut faire des choix.”

Combien de fois ne l’avons-nous pas dit à des êtres chers, proches et ami-e-s?

Et combien de fois chacun-e d’entre nous ne se l’est pas dit à soi-même?

Aujourd’hui, des femmes et des hommes, politiques, dirigeants d’entreprises, “leaders d’opinion”, imposent leur choix, leur projet, leur vision du monde de demain.

“Le monde qu’on nous propose”, celui dans lequel nous vivrons et que nous partagerons toutes et tous.

Face à ce monde de souffrance, de colère souvent, de haine parfois, qu’ils choisissent, nombreuses et nombreux sont celles et ceux à faire le choix de porter haut ce qui leur tient à coeur.

Engagé-e-s au sein de la CIP, nous en sommes.

Et, entre autre, ce qui nous tient à cœur, là, maintenant, c’est de faire entendre, de faire vivre une histoire.

Celle de ces résistant-e-s, Lucie et Raymond Aubrac, Germaine Tillion, Stéphane Hessel, …, qui, en mars 1944, rédigeaient un texte, leur vision de la France d’après guerre.

“LES JOURS HEUREUX”, tel en était le titre et signé du Conseil National de la Résistance.

Depuis plus de 50 ans, notre société a grandi, forte de ces jours heureux auxquels ils avaient rêvés.

Ce rêve se disait avec des mots simples :

« un ordre social plus juste / le respect de la personne humaine / l’égalité absolue des citoyens devant la loi / développer la solidarité / défendre des conditions de vie dignes / l’union de toutes et de tous sans distinction / rendre la parole / assurer la liberté de penser, de conscience, d’expression / renforcer la liberté de la presse / promouvoir la liberté d’association, de réunion et de manifestation ».

Ce rêve s’est accompli au travers de la Sécurité Sociale, de l’Assurance Maladie, des Allocations Familiales, de l’institution des comités d’entreprise, de l’instauration de droits à la retraite, de droits à l’assurance chômage…

Si, aujourd’hui en 2016, ce rêve n’était que montré du doigt, dénigré, ridiculisé, nous pourrions en découdre comme dans un bon repas de famille et finir par en rire !

Mais l’heure est bien plus grave ! L’urgence est là !

Car ce rêve, aujourd’hui, est broyé … et nous tou-te-s, avec !

C’est simple.

En 2007, Denis Kessler, l’ancien vice président du MEDEF déclarait dans le magazine économique et financier Challenge: « le modèle social français est le pur produit du Conseil National de la Résistance. Prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Vous voulez réformer? Il s’agit alors de défaire méthodiquement tout le programme du Conseil National de la Résistance ».

Ces mots se font choix, se font règles, se font lois, se font réalité.

Ces mots disent l’injustice, l’irrespect, l’inégalité, l’individualisme, la pauvreté, la discrimination, l’exclusion, l’arbitraire, et le silence imposés !

C’est ce contre quoi lutte la CIP depuis des années.

Et là, depuis deux mois, à Bordeaux, se rejoignent, se rassemblent, s’unissent au travers de Nuit Debout, du collectif OnVautMieuxQueÇa, du collectif de lutte de la rive droite, des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, en lutte, eux aussi depuis des années ou à peine depuis quelques semaines.

Lycéens, étudiants, chauffeurs routiers, cheminots, salarié-e-s, sans papiers, chômeurs, précaires, artistes, techniciens, RSAstes, intérimaires, agents de Pôle Emploi, infirmiers, enseignants…

Tous, nous occupons, pacifiquement, des espaces publics, ouverts à toutes et tous : la Place de la République, la Maison du Mouvement-la chaufferie (rue du Cloître), le Théâtre National de Bordeaux-Aquitaine.

Nous y portons de la vie, nous y engageons nos rêves, nous les habitons de nos choix.

Choix qui revendiquent et défendent la solidarité. Celle des « Jours Heureux ».

Nous voulons de ces jours heureux.

Nous voulons vivre cette histoire.

C’est sans doute ce que nous partageons de plus fort avec Chahuts et toutes celles et ceux qui le rêvent.

Nous faisons le même choix : raconter et vivre des histoires.

La CIP Gironde, Coordination des Intermittents et des Précaires de la gironde.