Né en 1977 à Berne, Milo Rau appelle inlassablement le réel à la barre. Pour cet élève de Bourdieu, metteur en scène et essayiste, journaliste et réalisateur, le théâtre ne peut être qu’un «sport de combat». Obsédé par la question de la violence dans la société, il la met en scène dans des procès et des reenactments, puissantes reconstitutions qui travaillent les spectateurs au corps. C’est ainsi qu’il évoque Les Derniers Jours des Ceausescu (2009), donne à entendre la Déclaration de Breivik (2012), le tueur norvégien de l’île d’Utoya, et provoque le réel dans Les Procès de Moscou (2013) et Le Tribunal sur le Congo (2015). Lors de ces performances, il convoque de véritables acteurs de la société civile et organise leur confrontation dans des procès fictifs, aux enjeux cependant bien réels. Éminemment provocateur, son interventionnisme se heurte à la censure, aussi bien en Roumanie, en Russie, que dans son propre pays, la Suisse. Avec sa société de production International Institute of Political Murder, il crée un espace utopique, véritable catalyseur des contradictions de la société. Hate Radio et The Civil Wars ont été présentés à Nanterre-Amandiers en 2015, ainsi que The Dark Ages en 2016, puis Empire et Five Easy Piecesen 2017.